by Marie Leroy

(English & French review)

With The Taste of Things, Trân Anh Hùng, Vietnamese-born French director, has captured the essence of a France that is long bygone – it takes place in 1889 – but which influences world culture and nourishes fantasies; it even continues to exist in certain parts of the country. The director has adapted the book by Marcel Rouff (although the film is in a way a prequel to the novel), and has cast Juliette Binoche, winner of numerous awards, including the Oscar for best actress in 1997 for The English Patient, and Benoît Magimel, winners of 3 Césars and an Interpretation Prize at Cannes.

Director Trân Anh Hùng

The French title is “Dodin Bouffant’s passion”. It is an ode to French gastronomy and to love, the two being intimately linked, obviously: Dodin’s passion for gastronomy merges with the passion he feels for Eugénie, his cook. This ode is largely contained in this couple: The two actors shared during the promotion of the film, as an argument to go see it in theaters, that they were in a relationship more than 20 years ago and had a daughter. Embodying characters whose love is as pure and great as anyone could dream of experiencing has given them a special complicity and tenderness. They’ve even acknowledged that certain dialogues or looks have allowed them to say things to each other, which they were never able to exchange. Audiences bear witness to the couple’s beauty, sensuality and honesty. Their dialogues is delicious for both the elegance of their language and the feelings they evoke.

The love of this couple, “in the autumn” of their life as Dodin expresses it, has been filmed in a jewel case of the French countryside. Eugénie gets up before the first light of the sun to choose the vegetables for the day’s meals. As she walks through the vegetable garden, the light of the breaking dawn and the colors are filmed with a softness that allow us almost to smell the dew and the scents of nature as it awakens, of the squash ready to be picked. From its first moments, the film is a true ballet, one that takes place in the kitchen of a charming house, with the protagonists circling around the old-fashioned stoves, bending over to place a carp in milk in the coal oven, performing their well-paced gestures above the workplans or pans, passing dishes from hand to hand, exchanging a few words or a glance as they move, brush against each other, and taste. All of this, like any recipe, requires a good casserole dish to simmer, with a bourgeois house setting typical of the French countryside at the end of the 19th century.

Dodin is generous in sharing his passion for good cooking through transmission and at the table with his friends, where certain rituals sometimes give a touch of humor. Meals are then presented like a symphony in which no false notes are tolerated. The cook is praised to the skies: Dodin’s guests even ask her to join them. But Eugénie refuses with a twist: she must be in the kitchen for the symphony to be rendered perfectly. It’s also her way of choosing her place. As a free and independent woman, she has refused many times to marry her gourmet lover: this freedom makes her sunny, and she answers to Dodin that she still feels in the summer of her life. She values her own room, her true personal space that she shares with Dodin only when she herself decides – unlike the kitchen. She knows that it is important for every woman to have “a room of one’s own” as Virginia Woolf perfectly theorized. Although their love is palpable, Eugénie is Dodin’s cook, not his wife, a status she does not envy: she shares much more with him than many married couples do. She is thus fulfilled. 

When you see The Taste of Things, make sure to plan a good meal that will satisfy you after the movie. The kitchen scenes awaken the senses: the rack of veal with vegetables seems to quiver under our noses, while the Norwegian omelette is a spectacle in itself. The pot-au-feu will revive childhood memories for some lucky ones. Even a simple omelette of only eggs and cream makes you salivate under Trân Anh Hùng‘s camera. The director worked with three-star chef Pierre Gagnaire to imagine the most photogenic dishes possible, and the result shows how gastronomy is an art that requires multiple talents, with passion as a secret touch.

Of course, French cinema can be rich, diverse, innovative, strong, overturning codes and clichés. But here, gastronomy, love and freedom serve as ingredients that make The Taste of Things a French film par excellence.

 

La Passion de Dodin Bouffant, film français par excellence

Avec La Passion de Dodin Bouffant, Trân Anh Hùng, réalisateur français d’origine Viêtnamienne, a su capter l’essence d’une France certes révolue puisque datée de 1889, mais qui a encore de l’influence sur la culture mondiale, nourrit des fantasmes, et existe quand même parfois, dans certains coins de l’hexagone. Le réalisateur a choisi d’adapter le livre de Marcel Rouff, bien que le film soit en quelque sorte un préquel au roman, avec dans les rôles principaux Juliette Binoche, lauréate de nombreux prix, notamment de l’Oscar de la meilleure actrice en 1997 pour Le Patient Anglais, et Benoît Magimel, lauréats de 3 César et d’un Prix d’interprétation à Cannes. 

Il s’agit d’une ode à la gastronomie française et à l’amour, les deux étant intimement liés, évidemment : la passion de Dodin pour la gastronomie se fond avec celle qu’il a pour Eugénie, sa cuisinière. Cette ode est en grande partie contenue dans ce couple. Les deux acteurs ne s’en cachent pas et l’ont même partagé pendant la promotion du film comme un argument pour aller le découvrir en salle : ils ont été en couple il y a plus de 20 ans, ont eu une fille, et se retrouver pour incarner des personnages dont l’amour est aussi pur et grand que quiconque puisse en rêver, leur a donné une complicité et une tendresse particulières. Ils admettent même que certains dialogues ou regards leur ont permis de se dire des choses qu’ils n’ont jamais échangées. Le spectateur peut en témoigner : l’incarnation du couple est d’une beauté, d’une sensualité et d’une justesse évidentes. Les dialogues, quant à eux, sont savoureux tant par l’élégance de la langue que par les sentiments qu’ils évoquent.

Outre l’amour de ce couple, « à l’automne » de sa vie comme l’exprime Dodin, c’est aussi un lieu qui est filmé comme son écrin. Dans la campagne française, Eugénie se lève avant les premières lueurs du soleil pour aller choisir les légumes qui feront partie des repas de la journée. Elle parcourt le potager où la lumière de l’aube naissante, les couleurs, et la douceur des plans de la caméra nous permettent presque de sentir la rosée et les parfums de la nature qui se réveille, des courges prêtes à être cueillies. Dès les premiers instants du film, c’est un véritable ballet qui se joue dans la cuisine d’une demeure pleine de charme : les protagonistes tournent autour des fourneaux à l’ancienne, se penchent pour placer une carpe au lait dans le four à charbon, ou exécuter quelques gestes bien rythmés au dessus des plans de travail ou des casseroles, se passent des plats de main en main, échangent quelques mots ou un coup d’oeil, et se croisent, se frôlent, et goûtent. Le tout, comme toute recette nécessite une bonne cocotte pour mijoter, dans un décor de maison bourgeoise typique de la campagne française de la fin du XIXe siècle. 

Dodin est généreux, il partage sa passion pour la bonne cuisine par la transmission, mais aussi tout simplement à table avec ses amis, autour de certains rituels qui, parfois, donnent une touche d’humour. Les repas s’y déclinent alors comme une symphonie. Aucune fausse note n’est tolérée. La cuisinière est portée aux nues : les invités de Dodin lui demandent même de se joindre à eux. Mais Eugénie refuse par une pirouette : elle doit être en cuisine pour que la symphonie soit parfaite. C’est aussi une façon de choisir sa place. Elle est une femme libre et indépendante, elle a refusé maintes fois d’épouser son amant gastronome : cette liberté la rend solaire, et lui fait répondre à Dodin qu’elle, elle se sent encore à l’été de sa vie. Elle tient à sa chambre, son véritable espace personnel partagé avec Dodin seulement lorsqu’elle-même le décide, contrairement à la cuisine. Elle sait qu’il est important pour toute femme d’avoir « une chambre à soi » comme Virginia Woolf l’a parfaitement théorisé. Bien que leur amour soit palpable, Eugénie est la cuisinière de Dodin, et non son épouse, statut qu’elle n’envie pas : elle partage avec lui bien plus que de nombreux couples mariés. Elle est comblée ainsi.  

Quand vous irez voir La Passion de Dodin Bouffant, prenez soin de prévoir un délicieux repas qui vous satisfera après la séance. Les scènes de cuisine éveillent les sens : le carré de veau aux petits légumes semble frétiller sous notre nez, l’omelette norvégienne est un spectacle à elle toute seule, le pot-au-feu ravive quelques souvenirs d’enfance pour les plus chanceux, et même une simple omelette avec pour seuls ingrédients des œufs et de la crème fait saliver sous la caméra de Trân Anh Hùng. Le réalisateur a travaillé avec le chef triplement étoilé Pierre Gagnaire pour imaginer les plats les plus photogéniques possibles, et le résultat montre combien la gastronomie est un art qui demandent de multiples talents, avec la passion comme touche secrète.

Évidemment, le cinéma français peut être riche, divers, novateur, fort, bouleversant les codes et les clichés. Mais, ici, la gastronomie, l’amour et la liberté sont les ingrédients qui font de La Passion de Dodin Bouffant un film français par excellence.

 

Marie Leroy is a French journalist and photographer specializing in culture, nature and travel. The author of the French national tourist guide Le Petit Futé, she has written for Les Inrockuptibles and several websites, newspapers and various magazines. Her photography has appeared in magazines, and she has been invited for an artistic residency in Martinique to develop her photographic project Arbonirisme. One of her series was exhibited as part of the art festival Cahors Juin Jardins in 2023.
Marie Leroy est une journaliste et photographe français spécialisée dans la culture, la nature et les voyages. Elle est autrice pour le guide touristique national français Le Petit Futé, et a écrit pour Les Inrockuptibles et plusieurs sites web et journaux. Son travail photo est publié dans des magazines, et elle a été invité lors d’une résidence artistique en Martinique pour développer son projet photo Arbonirisme. L’une de ses séries a été exposée dans le cadre du festival d’art Cahors Juin Jardins en 2023.
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Laura Albert

Laura Albert has won international acclaim for her fiction. Writing as JT LeRoy, she is the author of the best-selling novels Sarah and The Heart Is Deceitful Above All Things, and the novella Harold's End. Sarah and The Heart Is Deceitful Above All Things, reissued by HarperCollins, have also been released as audiobooks by Blackstone Publishing. Laura Albert is the subject of Jeff Feuerzeig's feature documentary Author: The JT LeRoy Story and Lynn Hershman Leeson's film The Ballad of JT LeRoy. She has written for The New York Times, The Forward, The London Times, Spin, Man About Town, Vogue, Film Comment, Interview, L'Équipe Sport&Style, Filmmaker, I-D, and others – more recently, the cover article for Man About Town and her reflections on fashion for VESTOJ. A writer for the HBO series "Deadwood," she also wrote the original script for Gus Van Sant's Elephant and was the film's Associate Producer. She has written the short films Radiance for Drew Lightfoot and ContentMode, and Dreams of Levitation and Warfare of Pageantry for Sharif Hamza and Nowness. For Tiempo de Literatura 2020's “The Narrative Universe of Laura Albert,” she engaged in a wide-ranging ZOOM conversation with Fernanda Melchor, International Booker Prize Shortlist author for her acclaimed novel Hurricane Season. Twitter: @lauraalbert Instagram: @laura_albert